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Il n’est pas banal qu’un texte financier mette fin à une aventure politique. Sans fleur ni couronne, le projet de loi de finances pour 2025, divulgué jeudi 10 octobre au terme d’une invraisemblable séquence politique, a enterré le macronisme plus sûrement qu’un procès politique. Dans toute la sécheresse de ses chiffres – 178 milliards d’euros de déficit, 3 200 milliards d’euros de dette publique nécessitant un ajustement budgétaire de 60 milliards d’euros dont près de 30 milliards d’euros sous forme de hausses d’impôts essentiellement acquittées par les entreprises –, le texte a mis un terme à la politique de l’offre menée avec constance par le président de la République depuis 2017. C’est sur elle que reposait l’essentiel de son originalité. C’est par elle qu’il a échoué.
En choyant les entreprises et les investisseurs, en refusant de relever la fiscalité sur les plus riches, le triple espoir d’Emmanuel Macron était de rendre le pays plus attractif, d’en finir avec le chômage de masse et de faire de la France l’avant-garde de la construction européenne. La réalité est que le pays est aujourd’hui surveillé de près par les agences de notation, obligé de négocier avec Bruxelles un délai pour ramener son déficit dans la norme européenne. Celui qui le représente peine à affirmer son influence dans les affaires du monde.
A travers la énième crise de ses finances publiques, la France est ramenée à son rang : celui d’une puissance moyenne qui n’en finit pas de brader son capital à force de vivre au-dessus de ses moyens. Les expédients auxquels le gouvernement Barnier est obligé de recourir aujourd’hui – un peu plus d’impôts, un peu moins de progression de la dépense publique – rejoignent la longue litanie des précédents plans d’ajustement engagés tantôt par la droite, tantôt par la gauche, alors que la France a la particularité de cumuler un taux élevé de dépenses publiques et de prélèvements obligatoires.
La politique de l’offre est ce qu’il restait au macronisme au terme des nombreuses mutations qu’il a connues. Elle a été engagée en 2017 à travers la baisse des impôts et la flexibilisation du marché du travail. Elle a été réaffirmée cinq ans plus tard à travers la réforme des retraites et celle de l’assurance-chômage. Elle a visé à attirer les capitaux étrangers et à doper l’investissement, ce en quoi elle a en partie réussi.
Elle a aussi tenté d’acclimater en France l’idée que le modèle social pourrait être financé par plus de croissance et non plus de prélèvements obligatoires pourvu que les Français se résolvent à travailler plus. Ce en quoi elle a démocratiquement échoué : la réforme des retraites comme celle de l’assurance-chômage, vécues comme injustes, ont eu pour effet de susciter un puissant mouvement de contestation et de miner la légitimité du président de la République.
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