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Le nouveau ministre de l’économie, Antoine Armand, et celui du budget, Laurent Saint-Martin, aiment-ils les casse-tête ? Espérons-le, car il va être pour le moins difficile de faire tenir ensemble stabilisation budgétaire, investissements massifs pour la transition écologique et contention d’une crise sociale qui couve sous les braises de services publics exsangues. Mais parce que les moments de crise font prendre conscience de l’urgence du changement, ils ouvrent aussi la voie à de nouvelles solutions. La crise budgétaire n’est-elle pas le meilleur moment pour faire accepter une réforme fiscale au niveau national et appeler à une réforme de la gouvernance économique européenne ?
Au niveau national, l’erreur à ne surtout pas commettre serait de tailler dans les dépenses publiques, dans les dépenses sociales comme dans celles d’investissement public. Il s’agirait d’une triple erreur.
Economique, dans un contexte macroéconomique où la consommation stagne et où l’investissement privé recule. Comme le rappelle l’Insee dans sa note de conjoncture de septembre, ce sont les dépenses publiques qui contribuent avec les échanges extérieurs à maintenir l’activité en France. Il s’en faudrait de peu pour que celle-ci recule. Tailler dans ces dépenses ferait prendre le risque d’une récession économique. Cela irait aussi à rebours des investissements à consentir et des protections à installer pour réduire les dépendances du pays dans les secteurs stratégiques (énergie, automobile, semi-conducteurs, matières premières critiques…) que pointe Mario Draghi au niveau européen dans son rapport publié le 9 septembre.
Ecologique, dans la mesure où les investissements sont encore très insuffisants pour réduire les émissions de gaz à effets de serre de moitié à l’horizon 2030 et tenir les objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2050. D’autant que les limites planétaires ne se réduisent pas au réchauffement climatique. Les investissements de transition devront aller au-delà de la décarbonation, s’étendre à la biodiversité, protéger les océans, les rivières et nappes d’eaux, les sols… et accompagner la transformation des secteurs et des acteurs.
Politique. A fortiori si la coupe est opérée dans les dépenses sociales, alors que nos services publics (école, hôpital, justice, université, logement social, etc.) sont en déliquescence et que les attentes pour les restaurer sont immenses. Le risque serait alors que le malaise social ne fasse sauter les dernières digues fragiles empêchant encore l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite.
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